Sunu Internet
État de l’internet au Sénégal, 1989–2004 (15 ans), partie 1
30 ans déjà, c’est toute une vie, pour vous en parler un article ne suffira pas, il y a quelques jours je partageais avec vous mes premiers pas au Métissacana dans l’article intitulé “Did you know surfing ?”. Je vous reviens avec le travail de nos pères et mères, qui nous ont permis de construire notre petit bout d’Internet.
1989–2004 (15 ans)
Le Sénégal a été avant-gardiste du net en Afrique. pour vous éviter mon français laconique et mes fautes. Je vous invite à lire un livre qui retrace l’incroyable histoire de l’internet au Sénégal.
HISTORIQUE DE L’INTERNET AU SÉNÉGAL (1989–2004)
Si vous ne l’avez pas encore lut, je vous le recommande vivement. Il est disponible gratuitement sur le site de l’Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal (OSIRIS).
Cet excellent ouvrage est d’Olivier Sagna, Christophe Brun et Steven Huter
Pr. Olivier Sagna
Qui je l’espère ne m’en voudras pas d’avoir extrait quelque paragraphe du livre pour vous chers lecteurs. Je profite aussi de localisation pour saluer ces travaux et pour le félicite pour avoir été fait Chevalier de l’Ordre des palmes académiques.
L’ère des pionniers
Les premiers pas du Sénégal sur le chemin de l’Internet remontent à la fin des années 80, lorsque, à l’initiative de l’ ORSTOM, aujourd’hui connu sous le nom d’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et de l’organisation non-gouvernementale, Environnement et Développement du Tiers-monde (ENDA-TM) , ont été installés les deux premiers systèmes de messagerie électronique du pays.
L’ESP et le domaine «.sn »
En 1990, Alex Corenthin et Mouhamed Tidiane Seck, deux enseignants chercheurs du département « Génie informatique » de l’Ecole nationale supérieur universitaire de technologie (ENSUT), aujourd’hui intégrée à l’Ecole Supérieure Polytechnique (ESP), configurent un PC 286 avec UUPC/Extended et un modem 1200 b/s pour se connecter à RIO. « On s’est dit qu’il fallait se lancer à fond dedans », expliquent-ils en évoquant l’enthousiasme qui suivit les premiers échanges de messages. Un enthousiasme partagé par les étudiants : « Je faisais à l’époque mon mémoire de 3ème cycle sur la messagerie X.400 », raconte Eric Damiba, aujourd’hui administrateur réseau à l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), « la messagerie Internet était si facile à utiliser, si légère par rapport à X.400 que finalement mon mémoire a porté sur la comparaison X.400 et messagerie Internet. » Durant toute cette période, le Country Code Top Level Domain (ccTLD) « .sn » n’ayant pas encore été déclaré, les Sénégalais utilisent des adresses électroniques se terminant par «.ca», «.fr», «.org» ou « .com » en fonction de leur fournisseur de services. Il faut attendre 1992, date à laquelle le département « Génie informatique » de l’ENSUT, en collaboration ave l’ORSTOM, se déclare comme gestionnaire du domaine «.sn» auprès des autorités de gestion de l’Internet pour voir apparaître les premières adresses comportant la mention «.sn ».
Évaluation du nombre d’internautes
Une enquête menée par Olivier Sagna, pour le compte d’Osiris en juillet 1999, auprès des fournisseurs d’accès Internet, commerciaux ou non, opérant au Sénégal permet d’évaluer à environ 8 735 le nombre d’abonnés à des services de courrier électronique. Sur la base des informations souvent données, avec beaucoup de réticences, par les fournisseurs de services on obtient la répartition suivante :
- Télécom-Plus : 4 000 abonnés
- Metissacana : 1 500 abonnés
- Aupelf-Uref : 1 300 abonnés
- Université Cheikh Anta Diop de Dakar : 610 abonnés
- Arc informatique : 500 abonnés
- Cyber Business Center : 300
- Point Net : 20 abonnés
- Primature : environ 175 abonnés
- Enda Tiers-Monde : 150 abonnés
Usages et Contenus
A l’exception notable du travail de Thomas Guignard, il n’existe peu d’enquêtes approfondies sur le profil des internautes et sur les usages de l’Internet au Sénégal. Il ressort de ce travail effectué au cours de l’année 2001 et portant sur 184 cybercafés, que 61% d’entre eux étaient localisés à Dakar, suivie de loin par Thiès (13%), Saint-Louis (8%), Kaolack et Ziguinchor (4%). En moyenne les cybercafés disposaient de 7,21 ordinateurs et étaient connectés en RTC pour 68,5 % d’entre eux. En 2004, les principales évolutions concernent notamment le nombre d’ordinateurs par cybercafés puisque qu’il existe un plus grand nombre d’espaces disposant d’une dizaine d’ordinateurs, et d’autre part le mode de connexion car de plus en plus de cybercafés sont connectés à Internet en mode ADSL. Pour ce qui est de la
clientèle, l’étude menée auprès d’un échantillon de 135 internautes montrait qu’elle était composée pour 60,7% d’élèves et d’étudiants, les moins de 26 ans en représentaient 60% parmi lesquels les femmes n’étaient que 37,8% et les diplômes de l’enseignement supérieur constituaient près de 50% des clients.
Forte dynamique associative
Les internautes sénégalais ont senti la nécessité de s’organiser et c’est ainsi que plusieurs associations ont vu le jour. Cette dynamique associative dans le secteur des technologies de l’information et de la communication est d’ailleurs relativement ancienne puisque la création de l’Association des Clubs de Micro Informatique du Sénégal (ACMIS) remonte à 1985. Ayant pour vocation le développement et la vulgarisation de l’outil informatique, l’ACMIS a connu
son heure de gloire à la fin des années 80 mais a depuis cessé ses activités. Le relais a été pris à la fin des années 90 par toute une série d’associations plus ou moins actives et plus ou moins éphémères qui mènent un lobbying constant auprès des décideurs politiques, des partenaires au développement, du secteur privé et de la société civile et des autorités. Leur objectif commun est de favoriser l’utilisation et surtout l’appropriation des TIC par le plus grand nombre en mettant l’accent sur le développement social.
C’est ainsi qu’en février 1998 est lancé le processus ayant conduit à la création le 28 mars 1998 de l’Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal (OSIRIS) dont le Président, Amadou Top, est connu pour son engagement au service des TIC en Afrique et de la lutte contre la fracture numérique.
Sites Web
Un survol rapide des sites Web sénégalais permet de constater une bonne présence de la presse avec six journaux en ligne, une agence de presse, cinq stations de radios ainsi que la télévision. On voit également apparaître des portails, comme celui de Sentoo ou d’Arc Informatique. Cependant, malgré l’existence de quelques sites dynamiques, l’immense majorité des sites proposent encore des pages statiques consistant en des plaquettes de présentation institutionnelle de structures publiques ou privées ou des sites généralistes (tourisme, renseignements pratiques, culture, géographie, histoire etc.). A l’exception du site du Trade Point Sénégal qui donne accès à une banque de données sur les produits, les clients, les marchés, les institutions, la législation et des données plus globales à propos du Sénégal et de celui de Taftaf.com, il n’existe pas de sites proposant des applications de commerce électronique sur lequel l’utilisateur peut faire des achats en ligne. Cela étant, il existe des applications entrant dans le champ du commerce électronique comme le système de dédouanement électronique Orbus 2000 développé par le Trade Point Sénégal et actuellement mis en œuvre par la Douane ou encore le service Time 2 Market développé par la société Manobi qui offre une information en temps réel sur les marchés, via le téléphone mobile et Internet, pour les producteurs de fruits et légumes et les pécheurs qui y sont abonnés.
Services offshore
A la fin des années 90, le secteur des téléservices était très en vogue et les autorités aimaient à répéter leur volonté de faire du Sénégal « un pays de téléservices. ». Il existait alors deux entreprises pionnières à savoir les sociétés Alphacad et Teleservices S.A., créées respectivement en 1997 et 1998. Utilisant les capacités de l’Internet, la première travaillait pour l’essentiel sur des dessins d’architecture tandis que la seconde faisait de la saisie de textes juridiques, toutes les deux travaillant pour des clients situés hors du Sénégal. Depuis septembre 2002, une société française, dénommée « Sénégalaise de Saisie Informatique » (SESI) s’est également installée à Dakar pour faire de la saisie d’articles scientifiques suivie quelques temps après par la société Jouve informatique spécialisée dans l’ingénierie documentaire et la réalisation de cédéroms. Cependant, en 2004, les entreprises phares dans le secteur des téléservices exercent plutôt dans le domaine des centres d’appels avec des
entreprises comme AFRICATEL AVS, le groupe CHAKA, PCCI et CENTER VALUE qui utilisent la voix sur IP dans le cadre de leurs activités. Au-delà des téléservices, un certain nombre d’entreprises intervient dans le secteur de la production de contenus multimédia comme IMEDIA, DCNET, ou encore PEOPLE INPUT et les structures de formation aux métiers des TIC comme FUTURIS ou SUPINFO se sont multipliées.
Je vous invite à consulter l’intégralité du livre ici
Conclusion
“Sunu Internet”(Olof) ou “Notre Internet” idéal est dans les mains de toutes les personnes qui l’utilisent. Il n’a pas de centre ni de maître, mais se construit et s’invente collectivement. La meilleure façon d’en parler est de donner la parole à celles et à ceux qui le construisent au quotidien : Les Sénégalais peuvent être fières de ces pionniers de l’Internet qui ont permis à chaque Sénégalais de construire son petit bout d’Internet.
Je ne vais pas citer de nom de pionniers, comme on dit chez nous “Ku lime juum”(Olof). Mais je vous invite à consulter cet ouvrage si vous ne l’avez pas encore fait.
Mamadou Diagne
Sunu Internet